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Ligue 2 BKT, Tic Tac… Tic Tac…

Une énième défaite, 3-0, contre une équipe qui ne voulait pas jouer au football. Un bilan statistique et un niveau de jeu dignes de l‘une des pires équipes de l’histoire moderne de la Ligue 1. Pas l’ombre du début d’un élan de révolte. Mais selon certaines réactions d’après-match en bord terrain, « il y a des choses positives à retenir ». Heureusement que la plupart des supporters bordelais ont une ceinture noire en self-control. Mais pour d’autres, c’est la citerne qui fait déborder le bassin de rétention.

20e, 22 points, 68 buts encaissés en 28 journées. Lorsque les chiffres sont si éloquents, pourquoi s’ennuyer à rédiger des paragraphes d’analyse technico-physico-mentalo-tactique pour tenter d’expliquer ce naufrage collectif que connaissent les Girondins de Bordeaux depuis le mois d’août dernier ? Les uns accuseront le récemment débarqué Vladimir Petkovic, avec ses entêtements tactiques et son autorité égale à celle de ma prof d’espagnol de 6e. Les autres, et ils auront bien raison de le faire, pointeront du doigt les innombrables mauvais choix et erreurs de casting de Gérard et Admar Lopez(s). Un très bon duo de communicants, ayant certes hérité d’un navire qui prenait déjà l’eau de tous les côtés suite au braquage organisé par GACP et King Street, qui aura réussi l’exploit de nous survendre, à coup de Tic Tac et d’interviews hebdomadaires dans L’Equipe, la qualité d’un effectif tout sauf taillé pour jouer la première partie de tableau (et encore moins le maintien).

« Je pense que défensivement, on a quand même été solide. »

On est resté sobre et mesuré après les fameuses « défaites encourageantes ». On est resté sobre et mesuré après la piteuse défaite face à l’OM. On est resté sobre et mesuré après les 4-0, après les 5-0, après les 6-0. Mais vu les nouvelles déclarations d’après-math, aussi lunaires les unes que les autres, force est de constater que la situation n’alerte pas outre mesure des joueurs qui, pour l’immense majorité, ne seront plus Bordelais en juin prochain. On dirait presque que « le groupe vit bien ». On a donc appris, après cette 14e défaite, que Bordeaux a été « solide », « intéressant » n’a pas montré « un mauvais visage »… c’est à se demander si ces joueurs ne sont pas dans un monde parallèle dans lequel ils n’auraient pas encore pris conscience qu’ils étaient 20e DEPUIS 5 PUTAINS DE JOURNEES !

Preuve, s’il en fallait encore une, que la source du problème ne venait pas du mauvais comportement de certains joueurs, mis au placard dans un loft qui n’en était pas vraiment un, ou du soi-disant « manque de leadership » de Laurent Koscielny. Surtout si c’est pour donner son salaire à un défenseur, tout aussi vieillissant, et ayant le même niveau de sérénité qu’un étudiant africain obligé de se pointer devant des garde-frontières polonais au milieu d’un flot de réfugiés ukrainiens.

Cette dernière vanne ne sera peut-être pas validée par la VAR (qui, pour la 25e fois de la saison, nous a encore oublié un pénalty au passage), mais comment voulez-vous rester sobre et mesuré quand une équipe 20e de Ligue 1 n’est même pas capable d’enclencher un pressing contre une équipe humiliée, conspuée par son public, qui ne voulait pas jouer au football ? Comment voulez-vous rester sobre et mesuré quand une équipe 20e de Ligue 1 ne parvient même pas à mettre en danger le PSG le plus faible de la saison après leur énième débâcle en Ligue des Champions ? Comment voulez-vous resté sobre et mesuré lorsqu’on s’emmerde à payer des VPN pour pouvoir regarder une équipe qui, à de rares exceptions près, n’a clairement la volonté de se battre pour sauver le club dont il porte le maillot ? Une équipe dont certains joueurs ont l’audace de reprocher à ses supporters d’oser émettre des critiques « assis derrière leur ordinateurs ». Mais mon cher « fermeur de bouche », si tu savais ce que ça fait de t’enquiller des milliers de kilomètres avec le litre d’essence à plus de 2€ alors que tu galères à gagner un SMIC pour voir les purges que toi et tes coéquipiers nous offrez chaque week-end, tu tournerais ta langue dans ta bouche autant de fois que tu perds de ballon par match. Tu devrais au contraire t’estimer heureux d’avoir à faire à des supporters bien plus raisonnables et indulgents que dans d’autres clubs de cette envergure.

« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Brunet »

Lorsque tout fout le camp dans un groupe social, il n’est pas étonnant d’observer ses membres chercher des boucs émissaires. Au point que certains ne trouvent rien de mieux que de demander aux Ultramarines de « rendre des comptes », coupables, selon eux, de continuer à soutenir, envers et contre tout, une équipe lanterne rouge au niveau abyssal. Il ne reste plus qu’à inviter ces omniscients de Twitter à venir cramer le Haillan et à jeter des pétards sur la pelouse la semaine prochaine, comme cela se fait dans d’autres clubs du Sud de la France. Nous verrons donc si cela aidera Oudin, Adli et consorts à ressortir un ballon proprement ; à Hwang, Elis et Niang d’enchaîner 3 passes dans le camp adverse ; et à Marcelo, Mensah, Mangas et Pembélé de ne pas coûter un but par match l’un après l’autre, lorsqu’ils n’ont pas la bonne idée de le faire en même temps.

De toute façon, ces twittos à la gâchette facile devraient bientôt être rassurés. S’ils ont encore été plus d’un millier à avoir eu le courage de garnir le parcage visiteur ce week-end au Parc, le Virage Sud ne devrait pas faire éternellement durer la paix sociale qui entouraient jusqu’alors les rencontres à domicile. Qui plus est si l’on venait à ne pas prendre 3 points (scénario plus que probable) dimanche prochain face à un Montpellier qui n’a pourtant plus rien à jouer.

Plus Kleenex que clean-sheet

Au soir de cette 28e purge de la saison, on peut bel et bien affirmer que, oui, les Girondins de Bordeaux forment l’équipe la plus bidon de Ligue 1 cette saison, si certains en doutaient encore. On s’épargnera ici les homélies habituelles sur le nombre de matchs consécutifs au terme desquels la « pire défense d’Europe » a encaissé a minima un but. Je ne vous rappellerai pas non plus le fait que cette performance constitue un exploit unique dans l’histoire de notre beau championnat de France depuis Arles-Avignon ou le RC Toulon, je ne sais plus, dans les années 70. De toute façon, ça fait un bon moment qu’on est plus Kleenex que clean-sheet à Bordeaux. Quitte à descendre, autant le faire avec panache et inscrire son nom dans les livres d’histoire. D’autant qu’on ne risque pas d’y être mentionner à nouveau de sitôt.

Plutôt que de se monter les uns contre les autres en cherchant à savoir qui mange ou non dans la main de Gérard Lopez, Nous, supporters et amoureux des Girondins, seuls membres du club qui porteront ce maillot jusqu’à la tombe, devrions plutôt nous rendre à l’évidence. Les matchs au sommet de la saison prochaine se joueront (sauf retournement de situation digne d’une 2e mi-temps au Stade Louis II en décembre 2008) à Auxerre et à Bastia. Les seuls derbys auxquels nous participerons se joueront à Niort et à Pau. Mais que ce soit en Ligue 1, en Ligue 2 ou en Régional 3, les seuls qui continuerons à empiler les kilomètres pour finir dans le rouge financièrement à la fin du mois, c’est Nous. Nous qui continuerons de supporter ce club jusqu’à la 38e journée malgré des joueurs qui ne méritent pas de porter son scapulaire. Nous qui continuerons de l’arborer fièrement, même si les choses venaient à mal tourner au point d’être contraints de jouer en Régionale contre le Cap-Ferret la saison prochaine.

Essayant de nous rassurer au milieu de la profonde détresse qui s’empare un peu plus de nous défaite après défaite, beaucoup en viennent à se résoudre au raisonnement suivant : si cela doit être le prix à payer pour retrouver le club qui les a fait rêver, et au passage des joueurs qui finissent avec des crampes à la fin du match, alors autant toucher le fond une bonne fois pour toute pour reconstruire des Girondins de Bordeaux qui nous ressemblent. Mais nous savons tous très bien qu’au fond de nous, aucun ne souhaite réellement prendre la Rocade pour regarder un derby Lège-Cap-Ferret / Girondins de Bordeaux, même si cela nus permettra de faire de grosses économies d’essence.

Pour clore ce billet d’humeur écrit sans aucun recul, il ne me reste plus qu’à ajouter une chose. Messieurs, si par le plus grand des hasards, l’un de vous lit ces lignes jusqu’ici, sachez qu’on ne vous demande qu’une seule et unique chose : faites-nous fermer nos grandes gueules. Et allez chercher ce putain de maintien en célébrant chaque but avec votre index sur la bouche face caméra. On se donne rendez-vous à la Victoire pour fêter ça.

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