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Comment Steven Gerrard a remis les Rangers sur les bons rails

Les Glasgow Rangers sont de retour au premier plan et Steven Gerrard y est pour beaucoup. Voilà 15 mois que l’Anglais est l’entraîneur du club écossais le plus titré de l’histoire. Les grands joueurs ne faisant pas forcément de grands entraîneurs, choisir Gerrard pour occuper ce poste était un pari pour la direction des Rangers. Un pari gagnant jusqu’à présent.


Une première saison pleine de promesses

Steven Gerrard débarque en 2018 au sein d’un club à la recherche de son lustre passé. Placés en redressement judiciaire, les Rangers sont rétrogradés en quatrième division pour la saison 2012-2013. La descente aux enfers pour une équipe sacrée championne d’Ecosse à peine douze mois plus tôt. De retour dans l’élite, les Gers se classent troisième du championnat en 2016-2017 puis en 2017-2018. La stabilité et la régularité leur font néanmoins défaut. Trois entraîneurs se succèdent sur le banc en à peine 18 mois – Mark Warburton, Pedro Caixinha et Graeme Murty. Les Rangers ont besoin d’un nouveau départ. Ils accordent alors leur confiance à Steven Gerrard.

Celui-ci débarque en Ecosse après 16 mois à la Liverpool Academy. Principal fait d’arme de l’ancien capitaine des Reds dans son nouveau costume : un parcours probant en Youth League lors de la saison 2017-18. Remarquables lors de la phase de groupes (cinq victoires en six matchs), ses troupes éliminent Manchester United en huitièmes (2-0) et se qualifient pour la première fois de leur histoire en quarts, où ils sont battus aux tirs au but par Manchester City. L’entraîneur Gerrard dispose d’une expérience limitée mais n’a perdu ni son aura, ni son charisme. Des ingrédients clés dans la réussite de sa première saison sur le banc des Rangers.

La première saison de l’ère Gerrard est pleine de promesses puisque les Rangers ont terminé deuxièmes du championnat – avec une marge confortable sur le troisième (11 points) – et qu’ils ont réussi à se qualifier pour une compétition européenne. 78 points ont été engrangés – 23 victoires, 9 nuls et 6 défaites. Meilleure attaque de Scottish Premiership (82 buts), les Gers ont affiché une différence de buts impressionnante de +55 (leur meilleure dans l’élite depuis le sacre de 2011). Des chiffres supérieurs dans tous les domaines à ceux des deux saisons précédentes du club.

Sur la scène continentale, Gerrard et ses hommes ont franchi quatre tours préliminaires périlleux entre juillet et août pour rejoindre la phase de poules de la Ligue Europa, résistant notamment sur la pelouse d’Ufa, en Russie, malgré plus de 50 minutes en infériorité numérique. Ils ont finalement pris la troisième place d’un groupe homogène avec Villarreal, le Rapid Vienne et le Spartak Moscou. Leur campagne européenne s’est donc arrêtée dès le mois de décembre mais non sans satisfactions, parmi lesquelles leur invincibilité à domicile (4 victoires, 3 nuls).

Autre élément à souligner : les Rangers ont battu le Celtic deux fois la saison dernière à Ibrox Park (1-0 en décembre et 2-0 en mai), eux qui n’avaient plus remporté un derby depuis mars 2012. Un signal fort du retour des Gers sur le devant de la scène, et une performance non négligeable dans le bilan de Gerrard, surtout auprès des supporters. Cette saison s’est achevée sur une défaite, contre Kilmarnock, mais avec un parfum d’optimisme. Les compteurs affichaient en effet 32 victoires, 19 nuls et 10 défaites en 60 rencontres – soit une moyenne de victoire de 55,33%. De quoi lancer une dynamique.

Un mercato géré de manière exemplaire

Steven Gerrard a rapidement posé sa patte sur la gestion de son équipe. L’ancien international anglais a procédé à une large refonte de l’effectif lors de l’été 2018. Beaucoup sont partis, y compris des joueurs ayant apporté satisfaction en 2017-2018 comme Josh Windass (18 buts en 2017-18) et Declan John. Dans le sens inverse, 15 arrivées ont été enregistrées, la plupart d’entre elles s’avérant bénéfiques.

Gerrard n’a pas hésité à faire des choix forts en recrutant le vétéran Allan McGregor, dont il a fait son gardien titulaire, au détriment de Wesley Foderingham, qui s’était installé dans le onze des Gers. Un choix payant sportivement. L’une des meilleures pioches estivales de l’entraîneur des Rangers se nomme Scott Arfield. Arrivé en provenance de Burnley, où il a disputé trois saisons en Premier League, le milieu de terrain écossais s’est imposé comme un élément clé du système de Gerrard. Il a d’ailleurs réalisé la meilleure saison de sa carrière avec 12 buts et 7 passes décisives. Connor Goldson, en manque de temps de jeu à Brighton, s’est imposé comme un maillon essentiel de la défense. Ryan Kent, prêté par Liverpool et auteur de 6 buts avec les Gers, a quant à lui été élu meilleur jeune du championnat écossais. Gerrard a également attiré Jermain Defoe lors du mercato hivernal, autre choix payant puisque l’attaquant anglais a inscrit 8 buts au cours de la deuxième partie de saison. Il a d’ailleurs démarré le nouvel exercice tambour battant avec 5 buts en 6 rencontres. « Quand je suis arrivé, j’ai atterri dans un vestiaire divisé, avec des clans et des problèmes. J’ai senti que c’était important de faire beaucoup de changements, d’apporter de la fraîcheur pour repartir sur de nouvelles bases et aller de l’avant », expliquait Gerrard au mois d’avril. Force est de constater que la mission est un succès.

Au-delà du recrutement, il a également su tirer le meilleur d’éléments déjà présents dans son effectif. C’est le cas pour Ryan Jack, à l’activité incessante dans l’entrejeu. Débarqué chez les Rangers en provenance d’Aberdeen 2017, l’international écossais a connu une première saison écourtée par une grave blessure au genou. Gerrard lui a toutefois accordé sa confiance jusqu’à en faire l’un de ses cadres. James Tavernier, dont Gerrard a fait son capitaine, a réalisé la meilleure saison de sa carrière avec 17 buts et 20 passes décisives, des statistiques époustouflantes pour un défenseur. L’attaquant Alfredo Morelos a lui aussi franchi un cap en inscrivant 30 buts toutes compétitions confondues malgré cinq cartons rouges, le seul bémol de la saison du Colombien. Quatre joueurs des Rangers ont figuré dans l’équipe type de l’année en Scottish Premiership : McGregor, Tavernier, Kent et Morelos.

Des performances qui s’expliquent également par le fait que Steven Gerrard se soit entouré d’un staff compétent et cohérent : à ses côtés, Michael Beale, auparavant en charge des jeunes pousses de Chelsea et de Liverpool, mais aussi Gary McAlister, homme d’expérience avec un vécu comme entraîneur principal et comme adjoint. Capable de faire évoluer son schéma de jeu du 4-3-3 au 4-2-3-1, en passant par le 3-5-2, Gerrard a démontré sa capacité à s’adapter aux différentes situations de match. Sa première saison n’a pas été sans erreurs mais il en a tiré des leçons, notamment dans son coaching, relativement tardif en début de saison.

La reconquête des sommets

Les Rangers ont débuté la saison 2019-2020 avec un vestiaire désormais uni derrière un entraîneur qui a écarté un certain nombre de doutes. « Les joueurs veulent se battre pour tous les trophées et faire un bon parcours européen. Mais vous ne pouvez pas le faire avec 12 ou 13 joueurs. Nous avons essayé l’an passé et nous étions trop courts. L’idée maintenant est d’avoir deux bons joueurs à chaque position. Et quand on leur fait appel, c’est à eux de répondre présent », confiait Gerrard en août. Le mercato du club a été pensé pour étoffer l’effectif.

Les Gers ont accueilli des jeunes talents prometteurs comme Joe Aribo (23 ans), auteur de 9 buts avec Charlton la saison passée, Jake Hastie (20 ans), qui a inscrit 6 buts en 14 rencontres de championnat avec Motherwell en 2018-2019, et Jordan Jones (24 ans), arrivé de Kilmarnock. Ils ont également attiré des joueurs plus expérimentés comme Greg Stewart (29 ans), auteur de 11 buts la saison passée avec Kilmarnock puis Aberdeen, l’international suédois Filip Helander (26 ans) ou encore l’international écossais Andy King (30 ans), prêté par Leicester. Dans le même temps, les cadres sont restés, y compris le serial-buteur Morelos.

Comme la saison précédente, les Rangers se sont extirpés avec succès des tours préliminaires de Ligue Europa pour rallier la phase de poules, où ils croiseront le fer avec le FC Porto, les Young Boys de Berne et Feyenoord. Les résultats suivent puisqu’ils restaient sur une série de 12 matchs sans défaite toutes compétitions confondues avant de s’incliner face au Celtic dimanche (0-2). Un revers qui n’efface pas tous les progrès réalisés par les hommes de Gerrard mais qui confirme qu’ils leur restent à travailler.

Steven Gerrard n’a pas peur de la pression et des attentes. Il a remis les Rangers sur les bons rails mais doit encore prouver. Désormais, les supporters attendent de voir l’armoire à trophées du club se garnir de nouveau. Les Glasgow Rangers peuvent maintenant regarder leurs voisins du Celtic droit dans les yeux, avec l’ambition de mettre fin à leur hégémonie sur l’Ecosse – huit titres de rang, du jamais vu depuis les neuf sacres consécutifs des Rangers entre 1989 et 1997.


Pour ce faire, Gerrard compte sur une équipe affamée, à l’état d’esprit conquérant, comme il l’avait souligné après la victoire contre Midtjylland : « Il y a une faim et une détermination dans cette équipe pour faire une meilleure saison. Les joueurs ont appris de leurs erreurs. Nous allons avoir des obstacles sur notre route, le plus important est de continuer à se battre jusqu’au coup de sifflet final et de faire tout notre possible pour obtenir le résultat ». Gerrard sait de quoi il parle, lui, l’un des héros de la fabuleuse victoire de Liverpool en finale de Ligue des Champions en 2005, alors que le Milan AC menait de trois buts à la mi-temps.

Quentin Ballue

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