L'actuL'humeur de la rédac'

“Le respect est mort, voici son oraison”

L’indécence fait jurisprudence aujourd’hui en France. Des milliers de personnes meurent chaque jour, le pays subit sa plus grave crise sanitaire depuis plus d’un siècle, les hôpitaux sont débordés, les soignants à bout de forces, les politiques à court de réponses, les citoyens à court de patience, et nos dirigeants s’écharpent au petit bonheur la chance. Indigne et nauséabond, tel est le football français que nous vivons.


La décision de la ligue est sans appel. Elle condamne l’OL, Monaco, Amiens, Toulouse ou encore Montpellier à une saison médiocre et à d’immenses déceptions. Mais, dans la foulée de l’annonce, les vautours répondaient déjà présent. Ne craignant ni le ridicule, ni l’abject, l’Olympique Lyonnais publie un de ses fameux communiqués, dans lequel il laisse entrevoir un possible recours en justice. Jean-Michel Aulas n’a peur de rien ni de personne, et encore moins de déchaîner les passions et la haine à travers l’hexagone. L’OL est 7e (par on ne sait encore quel miracle) et crie à l’injustice. 23 pages adressées à la LFP qui resteront, on ose l’espérer, sans réponse. Mais, Jean-Michel, sachez que si quelqu’un a le droit de se sentir meurtri à Lyon, c’est bien le football…

Le respect est mort, vive l’indécence.

Et que dire d’Amiens qui boude les déclarations de la fédération et prône « l’union sacrée » sur twitter ? L’union sacrée avec qui au juste ? Entraîner les supporters dans un conflit avec la ligue au milieu du confinement, en voilà une prise de position aussi raisonnable qu’admirable. Et pourtant, la palme de l’indécence revient certainement à Olivier Sadran, dont le Toulouse Football Club réalise l’une des pires saisons de l’histoire de l’élite, qui se dit outré que son club soit relégué, bien qu’il pointe à la vingtième position du classement. Décidément bon dernier, même dans la dignité, le Sadran.

Le respect est mort, vive la démence.

Le cocktail est parfait : toutes les « rédactions » s’empressent de réagir, de sorte à ce que « la politique du clic » ait un bel avenir devant elle, s’indignant pour la plupart des déclarations des uns, ou bien acclamant celles des autres. Les faux débats fleurissent, entre marseillais dépourvus d’une once d’humilité, parisiens blasés et lyonnais désabusés. Chacun prêche pour sa paroisse, défend ardemment la solution qui lui paraît la plus avantageuse pour son club, en invisibilisant totalement la gravité de la situation. Peu nombreux sont ceux qui prennent conscience de la réalité des évènements. Peu nombreux sont ceux qui ne se rangent pas aveuglément derrière leurs gourous. Peu nombreux sont ceux qui restent dans la mesure. Peu nombreux sont ceux qui n’ont pas oublié le respect. Qui le considèrent encore comme une composante essentielle de la société dans laquelle nous vivons. Toutes et tous. Mais où est-il passé au juste ? S’est-il envolé dès lors que les intérêts individuels ont resurgi telle la plaie du vivre-ensemble ? Comme les belles paroles prononcées sur le monde de demain, le monde d’après. Envolées. Oubliées. “Tout va changer, tout doit être repensé” qu’ils disaient. Tu parles.

Le respect est mort, vive le fanatisme.

Dans ce florilège d’idées noires, seules les sages paroles de Laurent Nicollin, président du Montpellier Héraut Sporting Club, méritent d’être attentivement lues et retenues : « À un moment donné, il faut avoir un peu de décence et de dignité. Il y a des gens qui meurent… après des gens qui réinventent le football ou les règles. La saison 2019-2020 est finie, partons sur 2020-2021. ». De la décence ou du bon sens ? A croire que certains ici n’ont aucun des deux.

Le respect est mort, vive le respect.

Jules Grange Gastinel

0