Champion d’Europe en titre, leader invaincu de la Premier League : Liverpool domine l’Europe porté par un effectif de grande qualité. Auteur de jolis coups sur le marché des transferts ces dernières années, le club est devenu un spécialiste du mercato intelligent. Coup d’œil sur une stratégie payante.
Sepp Van de Berg est un jeune défenseur néerlandais de 17 ans débarqué à Liverpool cet été. Encore méconnu du grand public, il est la seule recrue estivale payante de Liverpool qui a déboursé 1.9 millions d’euros pour l’attirer. Plutôt étonnant pour un club champion d’Europe et vice-champion d’Angleterre de voir l’unique Van den Berg dans la rubrique des arrivées. Pourtant, quand on s’intéresse de près à l’historique des transferts des Reds, cette opération prend tout son sens.
La Premier League est, selon les spécialistes, le meilleur championnat du monde. C’est également le plus rentable. L’argent coule à flot en Angleterre, issu notamment des droits télés exorbitants versés aux vingt clubs de l’élite britannique. Au-delà de l’attractivité du championnat, les salaires proposés par les clubs anglais défient toute concurrence européenne. Connu pour être le pays le plus dépensier sur le marché des transferts, l’Angleterre le doit surtout à ses cadors. Manchester City a dépensé par exemple 168 millions d’euros cet été. Des sommes affolantes, mais Liverpool se situe bien loin de tous ces excès.
Un trident offensif révélé sur les bords de la Mersey
On ne change pas une équipe qui gagne, c’est un proverbe mondialement connu. Après une saison faste, les Reds n’ont que peu chamboulé leur effectif. Malgré quelques départs de joueurs de rotation (Ings, Sturridge…), le club ne s’est pas affaibli. Mais si aujourd’hui la Ligue des Champions est sur le bord de la Mersey c’est grâce à un travail de plusieurs années. Depuis l’arrivée de Jürgen Klopp sur le banc, la stratégie est simple : recruter des bons joueurs et les pousser vers l’excellence.
Si les Reds marchent sur l’eau c’est en grande partie dû à son trio offensif de feu : Mohamed Salah, Roberto Firmino et Sadio Mané. Ce serait mentir de dire que les trois phénomènes sont arrivés inconnus à Liverpool. Firmino, le premier venu, est débarqué d’Hoffenheim en 2015. Après avoir mystifié les défenses allemandes, il est venu poser ses valises en Angleterre. Un an plus tard, il a été rejoint par Sadio Mané. Le Sénégalais faisait alors le bonheur de Southampton. Enfin, “Mo” Salah, dernier arrivé, évoluait sous les couleurs de l’AS Roma, où il se révélait enfin à 25 ans. Les trois virtuoses ont coûté environ 40 millions chacun. Des sommes dérisoires comparées à leur valeur actuelle.
Un milieu de classe mondiale
L’alchimie de Liverpool passe par un milieu de terrain de classe mondiale. Le capitaine Jordan Henderson, au club depuis 2011, est la pièce inamovible du jeu des Reds. Adoré par les supporters, Henderson est l’homme de base de Klopp depuis son arrivée au club. Arrivé de Sunderland à l’été 2011 pour 18 millions, il n’a pas mis longtemps à faire parler de lui. Discret mais précieux il incarne à merveille l’ADN du club. A ses côtés officie le Néerlandais Georginio Wijnaldum. Arrivé après avoir connu la relégation avec Newcastle en 2016, “Gini” a été un pari plus que payant. Malgré des premiers temps compliqués, passés dans la peau d’un remplaçant, il s’est imposé et rayonne aujourd’hui. La direction des Reds a également su flairer quelques bons coups en attirant libre l’expérimenté James Milner en 2015. Âgé de 33 ans, il est un remplaçant habituel sous les ordres de Klopp. Néanmoins, à chaque minute qui lui est accordé, il est un véritable guerrier. Son caractère et sa férocité en font, malgré son temps de jeu, un des plus jolis coups de Liverpool.
Deux latéraux qui visent haut
En outre, Liverpool dispose de la meilleure paire de latéraux au monde. Robertson et Alexander-Arnold se donnent la réplique dans un festival de courses endiablées, de passes splendides et même de quelques buts. Deux latéraux très complets et très prometteurs qui ont coûté à eux deux … 9 millions d’euros. En effet, Trent Alexander-Arnold est un pur produit du centre de formation et Robertson a été vendu par Hull City pour 9 millions. A l’époque, ce choix de recrutement avait été très contesté par les supporters, au vu notamment de l’inexpérience du garçon. Aujourd’hui l’Écossais sort d’une saison où il a délivré 11 passes décisives et a été sûrement le meilleur latéral gauche du monde. Comparés à Batman et Robin par le Daily Mail, Robertson et Alexander-Arnold incarnent l’avenir à long terme de Liverpool.
De grosses dépenses toujours payantes
Si la politique liverpuldienne se base sur des transferts intelligents pour des sommes décentes, quelques joueurs ont tout de même poussé le club à casser sa tirelire. En 2017, Virgil Van Dijk débarque de Southampton pour 84 millions d’euros. C’est le second défenseur le plus cher de l’histoire. Arrivé avec ce statut chez les Reds, le Néerlandais s’est imposé comme le meilleur défenseur du monde, ne cessant de progresser. Sa saison éblouissante en fait un très sérieux candidat au Ballon d’Or. L’été suivant, Liverpool débourse 62 millions d’euros pour le gardien brésilien de l’AS Roma : Alisson Becker. Auteur d’une belle saison en Italie, l’ancien de l’Internacional Porto Alegre réalise des performances de haut vol. Comme son coéquipier Van Dijk, il est l’un des meilleurs du monde à son poste, et entre dans la liste des trente nommés au Ballon d’Or. Deux transferts records pour Liverpool, mais la plus-value est incontestable. Les deux joueurs ont explosé en Angleterre et sont aujourd’hui des stars planétaires.
Un banc expérimenté et de qualité
L’équipe de Klopp a été bâtie par petites touches, en investissant peu à peu dans des éléments de complément. Au rayon des recrues libres, on peut citer Joel Matip, le défenseur camerounais, et Adrian, l’expérimenté gardien espagnol, éblouissant en ce début de saison lorsqu’il a pallié la blessure d’Alisson. Il en va de même pour les joueurs offensifs Divock Origi et Xherdan Shaqiri. Le Belge et le Suisse ont rejoint les rangs des Reds en sachant très bien qu’ils ne débarquaient pas dans la peau de titulaires indiscutables. Malgré un temps de jeu plutôt limité, leurs entrées sont toujours saignantes et apportent un plus au groupe. Origi a même été le héros de la demi-finale retour de la Ligue des Champions en inscrivant un doublé face au FC Barcelone (4-0). La mentalité exemplaire des remplaçants, traduite ici par l’exemple de Shaqiri et Origi, rend le groupe soudé et éloigne toutes dissensions éventuelles; chacun tirant dans l’intérêt du collectif.
Ainsi va la stratégie du club : investir malin. Miser sur de bons joueurs à fort potentiel (Salah, Firmino, Mané, Wijnaldum…), apporter de l’expérience et de la qualité sans quasiment rien débourser (Matip, Milner, Adrian, Shaqiri…). Ainsi, Liverpool utilise une stratégie de recrutement qui la différencie des autres cadors européens. Toujours à la recherche d’équilibre, le club n’est pas friand de grosses dépenses. La plupart des joueurs de l’équipe ont été attirés pour des sommes décentes et ont énormément progressé dans le Merseyside. De plus, Liverpool à la chance de posséder un groupe qualitatif, avec un banc de touche fourni. Le retour au premier plan des Reds est en majorité dû à un recrutement quasi toujours payant. Peu de recrues ont déçu, et la plupart se sont facilement et rapidement acclimatées à la bouillante ambiance d’Anfield Road; chacun trouvant sa place dans le groupe et se mettant au service de l’intérêt collectif. Après tout, personne ne marche seul à Liverpool.
Cyprien Juilhard