L'humeur de la rédac'

Une Loi “Sécurité Globale” dans le sport ? À travers et à tort

Et si la loi “Sécurité Globale” et son doux article 24 étaient appliqués aux journalistes sportifs ? Caviar vous emmène entre fiction et réalité. Vous connaissez la chanson : toute ressemblance avec des personnages ou des faits ayant réellement existé serait, sûrement, fortuite.


Bienvenue dans cette nouvelle revue de la semaine (17-24 novembre). Au programme, le « Classique » PSG/OM, les premières conséquences de l’adoption de la DPGILCSPF ainsi que le dernier rassemblement de l’Équipe de France de cette année 2025. Et tout ça, c’est seulement sur Caviar Magazine, numéro 1 sur l’actualité sportive en France : que des news, et rien de plus !

Une fois n’est pas coutume, débutons cette revue par un point juridique. « Nul n’est censé ignorer la loi », nous direz-vous. Vous êtes avisés, chers lecteurs, et vous avez parfaitement raison. Dans le paysage du football français, les premières conséquences de l’adoption de la Disposition de Protection et de Gestion de l’Information concernant les Ligues et les Clubs de Sport Professionnels Français (DPGILCSPF) se font sentir. Votée par les deux chambres parlementaires il y a deux mois, elle vient d’être promulguée. Pour rappel, cette réglementation vise à « mettre un terme aux attaques injustes et répétées contre les autorités dirigeantes du football, et, surtout, à établir une protection pour ceux qui nous font vibrer ». Selon le gouvernement, elle ne « portera en aucun cas atteinte à la mission des journalistes sportifs ».

Un travail de dissimulation ?

Attendez, vous trouvez le droit barbant ? Alors, parlons de foot : vous êtes là pour ça, nous aussi. En Ligue 1, un « Classique » des familles est venu égayer notre terne et pluvieux dimanche soir. À Paris, les hostilités avaient débuté bien avant 21 heures. Aux abords du Parc des Princes, une flopée de supporters marseillais se sont fait entendre malgré l’interdiction pour eux de pénétrer dans l’enceinte. Accusés d’avoir « porté atteinte à l’intégrité psychique » du Président de la République et accessoirement président du Paris Saint-Germain, aux chants de « G.D.*, on va tout casser chez toi ! », de nombreux fans ont été appréhendés par les forces de l’ordre. 11 000 personnes auraient été interpellées selon les collectifs de supporters, 3 selon la police. Le rapport de l’IGPN, réclamé par le ministre de l’Intérieur, a conclu qu’il était « complexe de déterminer si des violences [avaient] été commises », étant donné « le travail de dissimulation opéré par certains journalistes ». Une fois les interpellations effectuées, certains membres des forces de l’ordre se sont dirigés une centaine de mètres plus loin afin de déloger quelques migrants qui dormaient dans des tentes.

Côté terrain, le résultat (1-1) a été loin de refléter la physionomie du match. Dès les premières minutes, les joueurs du club de la capitale ont mis le pied sur le ballon, avec un objectif clair : faire briller leurs trois individualités de devant. Si Neymar et Ansu Fati n’ont pas brillé, Erling Haaland s’est lui illustré à la 38e minute par une monstrueuse frappe du gauche venue fracasser les filets d’un Steve Mandanda toujours aussi affuté malgré ses 40 printemps. Face aux vagues parisiennes, l’OM fait le dos rond et finit par égaliser à 10 minutes de la fin de la partie. Les hommes forts côté olympien ? Un Jordan Amavi qui retrouve enfin le niveau qui avait fait de lui le meilleur latéral du dernier Euro, et un Dimitri Payet fidèle à lui-même : 38 ans, 2 kilomètres parcourus, 15 ballons perdus, et 1 coup franc en pleine lucarne. Dernier fait notable : le début d’une bousculade entre les joueurs des deux équipes, dans le temps additionnel. Au même moment, le diffuseur télévisuel a semble-t-il subi un incident technique, retransmettant une publicité pour une société de réparation de vitrage automobile. Cinq joueurs ont été suspendus.

Ligue 1 toujours, le malaise autour de Kylian Mbappé grandit de jour en jour. Le joueur de 26 ans, ayant cédé il y a quatre mois aux sirènes de Monsieur A.*, n’a toujours pas disputé la moindre minute sous le maillot de l’OL. Raison personnelle ? Blessure ? COVID-24 ? Le club et son président restent muets. Votre humble serviteur a bien tenté d’en savoir plus, mais s’est rapidement heurté à la DPGILCSPF. Une exclusion des conférences de presse de l’OL pendant cinq ans ainsi qu’une interdiction de publier des photomontages de R.G.* avec une tête de clown sont si vite arrivées…

Plus de flou, plus de jeu ?

Néanmoins, Monsieur A.* pourrait bien obtenir gain de cause sur un tout autre sujet. Le président avait demandé à plusieurs reprises au gouvernement le floutage d’Anthony Lopes lors de ses prochaines sorties aériennes, arguant qu’il fallait « absolument protéger ceux qui nous protègent ». La DPGILCSPF, floue elle aussi, semble aller dans ce sens… tout comme la dernière nouveauté des télédiffuseurs. Certains se souviennent de la « Air Cam » ? Place maintenant à la « Fog Cam » ! À la demande de certains clubs, une caméra inédite viendra dorénavant agrémenter les plus belles retransmissions télévisées. Elle permettra de flouter les actions jugées « dangereuses » ainsi que les « gestes d’humeur » des joueurs, à la demande préalable des dirigeants de club avant un match de leur équipe. Si certains journalistes ont protesté, Pascal P.* a lui évoqué une « avancée artistique notable », qui « amènera le spectateur à se concentrer sur ce qui nous passionne tous : le beau football ». 

Par ailleurs, les journalistes membres du collectif « Les 11 » ont publié un communiqué invitant leurs confrères à rejoindre Romain M.* en Andalousie, afin de pouvoir « poursuivre librement [leur] travail d’investigation ». Volonté louable ou tentative d’évasion fiscale, l’avenir nous le dira. Néanmoins, il faut dire que les enquêtes des « 11 » ont récemment porté leurs fruits, dénonçant un problème majeur : les transferts des très jeunes joueurs. Pour rappel, l’AS Monaco a écopé en octobre d’une interdiction de recrutement de six mois après avoir acheté pour 15 millions d’euros le jeune T.K.*, cinq ans et demi.

Équipe de France, ensuite. Les 23 Bleus sont arrivés ce lundi à Clairefontaine, dans le cadre de la préparation de deux rencontres au sommet, vendredi contre l’Allemagne et lundi prochain face à Gibraltar. Le sélectionneur a d’ailleurs annoncé sa composition pour le premier match. Dans les cages, Hugo Lloris fêtera sa 200e cape et verra alignée devant lui une ligne de quatre inédite : Mendy – Zagadou – Kamara – Jallet. Au milieu, du classique, avec le trio Pogba – Kanté – Camavinga. Devant, Rayan Cherki et Kingsley Coman entoureront Olivier Giroud.

Petite pensée, enfin, pour notre confrère G.O.*, après son séjour prolongé en garde à vue suite à la conférence de presse de l’Équipe de France, hier. Sa question sur la non-sélection de Karim Benzema l’a envoyé directement sur un banc froid et dur. 24 heures dans la vie d’un éternel remplaçant. « G.O.* l’a bien cherché », vous dites ? Quoi qu’il en soit, il risque un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. L’addition pourrait être salée, pour une simple question sur un joueur à la retraite depuis deux ans… Ainsi va la vie en mode DPGILCSPF. On a du mal à y voir clair, et on finit la tête à l’envers.

Léon Geoni

*Dans cet article, certaines personnes ne pourront être désignées que par leurs initiales, conséquence directe de la DPGILCSPF.


Photos : OneFootball/Imago

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