“On n’est pas très loin que Messi devienne la pire recrue du PSG”, Julien Cazarre, sans filtre
Déconcertant, déroutant, imprévisible… La liste des adjectifs pour qualifier Julien Cazarre est bien longue. L’humoriste reste surtout un fervent supporter du PSG. Le chroniqueur de RMC en a décidé d’en faire un livre – Mais c’est pas possible ?! PSG : Le meilleur du pire. Remontadas, Classicos perdues et recrues foireuses… Tout y passe. Et on en a longuement discuté avec lui. Interview sans langue de bois, mais toujours avec humour.
Q: Avant de parler de ton livre… L’actualité du PSG en ce moment, c’est le tirage raté de la Ligue des Champions et cette double-confrontation contre le Real Madrid. Tu en as pensé quoi ?
J.C. : C’était trop beau de rencontrer Manchester United, ça manquait de piment. La logique est respectée en rencontrant le Real Madrid, le futur club de Mbappé. Entre Ancelotti, Ramos, Di Maria… Tout est parfait, il y a pleins d’histoires. Normalement, on devrait avoir deux confrontations serrées et à la dernière minute du match retour. Ramos va provoquer un pénalty et nous éliminer. On rêve tous de son but vainqueur de la tête… Mais ce n’est pas du tout la logique et l’histoire de ce club.
Q: Tu dis d’ailleurs dans l’introduction de votre livre : “le PSG est shakespearien”. Version comédie ou tragédie ?
Attention, Shakespeare sait aussi très bien faire de la comédie avec des personnages ridicules. Le PSG est shakespearien parce qu’on en rit tellement c’est triste. On préfère se marrer parce que sinon on saute dans un ravin à force de supporter ce club. Heureusement qu’on ne s’arrête pas à chaque péripétie. Sinon en quelques semaines, on a une féminine qui se fait potentiellement tabasser par une coéquipière, un joueur qui va aux putes au Bois de Boulogne, un autre qui fout son divorce sur Instagram…
« On préfère se marrer parce que sinon on saute dans un ravin à force de supporter ce club »
Julien Cazarre
Q: A peine 200 pages plus tard, tu conclus par : “Le jour de la LDC, on sera heureux… mais plus rien ne sera comme avant”. Explique-nous.
Cela ne sera plus comme avant c’est vrai. Il n’y aura plus jamais cette boule au ventre avant chaque match européen. Après quoique… Je nous fais confiance pour souffrir d’autres choses après (rires). Mais on pourra kiffer les matchs de Coupe d’Europe sans stresser, sans penser au fait qu’on va devoir encore attendre un an si on perd. Aujourd’hui on stresse même pendant les tirages au sort, c’est quand même dingue. A l’époque on tombait sur le Barça, le Bayern, Real Madrid, on en avait rien à foutre, c’était un match de Coupe d’Europe comme un autre.
Q: Tu listes les 10 pires Classico PSG-OM dans ton livre. Si tu devais en retenir qu’un seul…
Un Classico de merde bien sûr, sinon c’est pas drôle. Celui de 93, le match retour est terrible parce qu’on y croit, on mène, ils égalisent et il y a ce coup de boule de Basile Boli qui sort de nulle part… Alors qu’il vient de marquer une semaine avant en Ligue des Champions. Il ferme les yeux, normalement ça va dans les nuages. Même lui après il avoue qu’il visait à moitié le ballon, à moitié la tête du défenseur. Et ça finit dans la lucarne de Bernard Lama. C’était trop. On n’était pas prêt. C’est la pire année du monde 1993. Entre France-Bulgarie, la victoire de Marseille en LDC et ça…
Q: Même exercice pour les pires recrues du PSG. Qui est la pire recrue du PSG ?
Il y en a une qui est vraiment affreuse, c’est le premier Brésilien du PSG : Joël Camargo. A l’époque, on nous annonce Pelé, champion du monde, meilleur joueur de l’histoire. Et au moment où on pense qu’il prend l’avion, on voit arriver Joël Camargo. Le mec… Une pipe de l’espace. Il a joué deux matchs. Mais attention, on n’est pas très loin que Messi devienne la pire recrue du PSG. Attention à la peau de banane. C’est comme le jeu du pouilleux hein. On a l’impression que le Barça nous a tendu la carte en disant : « Oh non pas Messi, pas ça… Roh merde ». On s’est peut-être fait fourrer hein (rires). Cela fait 4 ans que le mec marche sur un terrain et met de temps en temps une frappe du gauche. Et on est assez stupide pour crier…
Q: Tu parles d’Unaï Emery dans la liste des pires coachs. Est-ce que tu le regrettes par rapport à Pochettino ?
Je ne regretterai pas Unaï Emery parce qu’il n’avait pas les épaules. La pression était trop forte. La preuve… C’est qu’au bout de 5 matchs, il est revenu au 4-3-3 de Laurent Blanc. Après Pochettino, depuis le jour où il est arrivé, on a l’impression qu’il a envie de se barrer. Il a l’air de se faire chier. Ça a l’air d’être un calvaire pour lui. Libérez-le (rires). Le PSG a été critiquable ces dernières saisons mais là on s’emmerde royalement au Parc, comme dans les années 2000 avec Pancrate quoi.
« C’est la pire année du monde 1993. Entre France-Bulgarie, la victoire de Marseille en LDC… »
Julien Cazarre
Q: Dans ton livre, tu expliques que le PSG est le club des nouveaux riches, des branleurs, des bourgeois, des snobs etc. Tu es lequel ?
Un peu de chaque. Branleur, ça c’est sûr. Finalement ce n’est pas une question d’oseille. Quand tu es parisien, tu as ce sentiment de supériorité, fondé ou non. Il faut qu’on le garde, qu’on le cultive. On n’est pas Saint-Etienne, on est Paris. On ressemble un peu au Real Madrid, sans le palmarès. On est un club de gens méprisants. Voilà Reims ou Bordeaux, c’est après le périph donc c’est des paysans (rires). C’est tout.
Q: Tu aimes distribuer les mauvais points. On va désormais faire l’inverse. Meilleur entraîneur, meilleur recrue, meilleur président… A toi de faire ta liste.
C’est compliqué pour les entraîneurs. (Hésitations) On n’a pas eu un vrai top entraîneur qui a marqué le club sur une longue durée. La période 93-95 de Luis Fernandez était quand même top. On gagne la Coupe des Coupes, on va jusqu’en demi-finale de Coupe d’Europe en battant le FC Barcelone de Cruyff. Il y a pire quand même. Pour la meilleure recrue, je dirais Ginola. On va le chercher à Metz, il sort de nulle part et c’est un mec magique. Meilleur président… On pourrait dire Michel Denisot parce qu’il a eu 7 titres en 7 ans. Je dirais plutôt Borelli, parce qu’il aimait vraiment le club.
« On est un club de gens méprisants. Il faut qu’on le garde, qu’on le cultive »
Julien Cazarre
Q: C’est quand même plus facile de lister les pires…
Le PSG a quand même plus cet aspect-là que les autres clubs. On rit beaucoup de nos malheurs. On a gagné une Coupe d’Europe… Mais tu entends très peu de supporters parler de ce match contre le Rapid de Vienne. On préfère parler de nos déboires que de nos victoires. On a ce masochisme d’aimer parler de nos emmerdes. On nous explique quand même qu’on est obligé d’être champion de France tous les ans. Ah bon ? je n’étais pas au courant moi (rires). Je ne savais pas que je n’avais pas le droit de me satisfaire d’une finale de Ligue des Champions. C’est la spécialité parisienne. On nous explique les émotions qu’on doit ressentir.
Q: C’est finalement peut-être ça supporter le PSG ?
Ça nous fait comprendre pourquoi des joueurs ont envie de se barrer. Regarde Mbappé, il vient de Monaco où tout est génial. Au PSG, tout s’arrête. Il est meilleur buteur : normal. Il gagne le championnat : normal. Il termine premier de son groupe devant Liverpool : normal. Il n’a pas le droit d’être heureux. Quel intérêt d’être là ? Il va en finale de la Ligue des Champions, tout ce qu’on retient, c’est sa frappe dans les bras de Neuer. C’est normal qu’il ait envie de se barrer. Quand tu expliques à tout l’effectif qu’ils sont nuls alors qu’ils ont 11 points d’avance en championnat et qu’ils sont en 8ème de finale de la LDC, ils ne peuvent pas comprendre. C’est comme dire à Usain Bolt, tu as une seconde d’avance sur tout le monde, mais on n’aime pas ton style. C’est un club extrêmement compliqué quand même.
Q: On approche tout bientôt de Noël. Pourquoi on devrait mettre ton livre sous le sapin ?
Cela permet à tous les supporters de mieux apprécier ce que l’on vit aujourd’hui. Offrir ou lire ce livre à Noël, ça te permet de te rendre compte que ce club est une galère à vivre permanente. Ce n’est pas nouveau d’avoir des branleurs dans l’équipe, des propriétaires chelous, des entraineurs pas terribles. La remontada, c’est normal quoi. C’est important de se rappeler d’où l’on vient.
« Offrir ou lire ce livre à Noël, ça te permet de te rendre compte que ce club est une galère à vivre permanente »
Julien Cazarre
Propos recueillis par Victor Cousin
