31 tirs à 6. Mais une défaite 3 buts à 2. Et surtout, deux types d’armes : sulfateuse abîmée du côté d’un Bayern qui a arrosé les cages de Keylor Navas, quand les flèches offensives parisiennes l’ont plutôt joué sniper. Comme souvent, le PSG est en ballottage favorable au terme du match aller d’une rencontre à élimination directe en Ligue des Champions. Le retour au Parc des Princes promet d’être bouillant (sans public, tout est relatif). Le Bayern va-t-il s’enfoncer, après un premier match marqué par une domination à faire pâlir les Belges ? Le PSG va-t-il s’effondrer comme en 2017 et en 2019 ? Plus besoin d’attendre 21 heures : prenez 5 minutes, on vous raconte le déroulement de la soirée.
19h00 – Sur le territoire français, la routine : Joyeux Hunger Games, et puisse le sort vous être favorable !
19h15 – Les bus des deux équipes arrivent au stade assez tôt, à peu près en même temps. Mais on s’étonne de l’absence de Thomas Müller ! N’ayant pas été annoncée au préalable par le board munichois, c’est une énorme surprise qui pourrait bien se transformer en bonne nouvelle pour les Parisiens. Un signe du destin ?
19h28 – L’heure du petit point météo. En comparaison avec l’apocalypse de la semaine dernière en Bavière, le Parc des Princes fait figure de Paris Plages, les 8.6 en moins. L’ambiance, elle, est la même : inexistante. Pas de vanne, c’est déprimant.
19h35 – Des Twittos auraient aperçu un homme courant la bave aux lèvres près de la porte de Saint-Cloud. Selon RMC Sport, il pourrait s’agir de Thomas Müller, parti s’échauffer sur le périph’ parisien.
19h50 – Arrivée de Müller au Parc.
20h01 – Les compoooooos ! Le Bayern, dépourvu quand la bise fut venue la semaine dernière, compte encore plus d’absents et perd 58 % des muscles de l’équipe entière avec l’absence de Niklas Süle. Attention, même sans Lewandowski ni Gnabry, le Rekordmeister reste solide sur ses appuis : costaud dans l’entrejeu avec un trio Alaba-Kimmich-Müller, et supersonique sur les ailes – Davies, Coman, Sané, et Pavard aussi. Du côté parisien, Marquinhos est absent, mais la principale nouvelle est évidemment le retour du « petit hibou », Marco Verratti. Reste à voir à quel point le combo Covid – clopes aura affaibli les poumons de l’Italien.
20h34 – Mohamed Bouhafsi lâche une exclu dans l’avant-match : Keylor Navas aurait été testé positif à la Covid dimanche, mais le test se serait révélé être un « faux positif ». Le Costaricain arrête tout, décidément.
20h40 – L’échauffement bat son plein alors que devant leur fil Instagram, certains rêvent de voir Freddy Gladieux aux commentaires.
20h42 – Pour rigoler, Alphonso Davies et Kylian Mbappé font une course.
20h57 – Les fameuses pubs d’avant-match, un bonheur tout relatif…
21h00 – Monsieur Daniele Orsato lance la partie et se rappelle au bon souvenir de Mbappé et de ses coéquipiers, lui qui officiait au sifflet lors de la dernière finale de Ligue des champions. Sur les bancs, duel improbable entre une petite pochette d’un côté et un policier de l’autre.
21h01 – Le Bayern entame le match tambour battant : Müller décale Coman, crochet intérieur et frappe du droit à trente mètres. Deux indications : Kingsley va bien, sa sortie sur blessure il y a trois jours contre l’Union Berlin ayant fait planer l’incertitude sur sa participation. L’autre, c’est que Keylor est déjà chaud, évidemment. Le Costaricain sort le tir de l’ancien Parisien d’une splendide claquette. On va simplifier : chaque fois que le gardien parisien effectuera un arrêt, seul son prénom sera écrit.
21h02 – Keylor.
21h15 – Après 15 minutes de jeu, business as usual pour Paris : un match retour de Ligue des champions = un Paris fébrile qui gare le bus, les taxis et les voitures des parents devant la surface. Le Bayern impose sa patte sur la partie, avec un Kimmich au four et au moulin. Le pauvre Florenzi, absent la semaine dernière, peine à contenir les fusées sur son côté.
21h22 – Keylor.
21h23 – Keylor.
21h24 – L’erreur de Keylor ! Non, je déconne.
21h25 – Le Bayern pilonne façon Grosse Bertha et ça finit par payer. Après un une-deux avec Alaba, Alphonso Davies envoie une praline canadienne dans la lucarne parisienne. Keylor est battu. Resté en Bavière, Lewandowski sort son téléphone et danse sur un challenge Tik Tok pour fêter ça.
21h34 – Paris fait enfin plaisir à voir ! Depuis dix minutes, comme réveillés par le but munichois, les joueurs de Pochettino proposent du vrai football. Ça joue collectif, avec un Neymar qui décroche et joue à la manière d’un quarterback. Et Paris semble même prendre le dessus dans la bataille du milieu : Leandro Paredes, bien en jambes, contient plutôt bien Kimmich. Verratti, lui, tel un vaccin Pfizer, fait respirer un entrejeu parisien sous respirateur artificiel la semaine passée.
21h46 – Ooh le bijou parisien ! Les deuxièmes de Ligue 1 reviennent au score au terme d’une magnifique action collective : 21 passes, Neymar à la baguette et Mbappé à la conclusion. Du côté des médias français, on s’enflamme de façon somme toute classique. Les Unes du lendemain sont déjà prêtes : « La naissance d’un collectif », « La fine équipe », « L’orchestre parisien », et j’en passe.
21h48 – M. Daniele Orsato renvoie les 22 acteurs au vestiaire. Mi-temps très plaisante : le Bayern aura dominé jusqu’à l’ouverture du score, laissant ensuite le PSG prendre le dessus et égaliser.
21h51 – Les pubs de la mi-temps sont-elles plus insupportables que les pubs d’avant-match ? Votez en commentaires !
22h03 – Ça reprend, avec un changement résolument offensif côté Hansi Flick : le « Kind » Jamal Musiala remplace David Alaba.
22h11 – Les joueurs se sont reposés à la mi-temps et ça se voit : le début de la seconde période envoie des étoiles dans les yeux des spectateurs du monde entier. Les deux équipes se rendent coup pour coup et les occasions se multiplient. Manuel Neuer sort un arrêt de cyborg sur une frappe du Kyky national, lancé en profondeur dans le dos d’un Boateng pourtant à pleine vitesse. Le Bayern répond dans la minute qui suit : sur un amour de centre de Pavard, la tête de Sané trouve Kimpembe sur la ligne. Allez le foot !
22h13 – Keylor.
22h16 – La faute de Paredes dans la surface ! Depuis dix minutes, Alphonso Davies faisait danser le milieu parisien à coups de sprints incessants. L’ancien joueur des Vancouver Whitecaps a fini par rentrer dans la tête de l’Argentin. Une balayette en pleine surface de réparation, tel un caïd du collège, et un penalty pour le Bayern. Sympa, M. Orsato sort seulement le jaune.
22h18 – En vrai leader, Thomas Müller laisse le ballon à Leroy Sané, qui trépignait d’envie de le tirer. L’Allemand transforme en force sur le côté droit et retire son maillot pour célébrer. L’occasion pour les téléspectateurs de découvrir son magnifique tatouage dorsal, représentant… Leroy Sané en train de célébrer. Une mise en abîme encore plus belle que celle de la Vache qui rit.
22h21 – On rentre dans le vif du sujet. Plus qu’un but et le Bayern Munich élimine le Paris Saint-Germain.
22h32 – Le Bayern pousse, mais le secteur offensif montre à nouveau à quel point il est dépendant de Robert Lewandowski. Au lieu de planter, Choupo fait le barbeuc’ et balance saucisse sur saucisse à côté des buts de Navas.
22h34 – Mauricio Pochettino réagit et tente un triple changement des familles. Sortie de Verratti (cramé), Florenzi (asphyxié) et Di María (dix ballons touchés). Entrée de Rafinha (frère de), Dagba (titi) et Kean (en meilleure forme qu’à l’aller, il faut l’espérer).
22h36 – Keylor !! La main ferme devant Kimmich ! Choupo, lui, continue de faire griller des merguez.
22h37 – LE COUP-FRANC DE MÜLLER ! Le natif de Weilheim in Oberbayern (vous le saurez) envoie une sacoche supersonique qui traverse un Keylor masqué par le mur au départ du ballon.
22h37 – LA CÉLÉBRATION DE MÜLLER ! Le cri de l’animal résonne jusqu’en Bavière. Le buteur manque même de mettre une droite à Pavard en gesticulant comme un dément.
22h40 – Ce match est encore plus dingue qu’à l’aller. Rafinha dribble deux Munichois dans le rond central et lance Dagba, qui remet en une touche pour Mbappé. Le Bondynois est bousculé par Lucas Hernandez dans la surface. L’arbitre lâche le fameux geste « pas de faute ». Devant leur écran, les supporters parisiens sont fous de rage : inexplicablement, M. Orsato ne va pas voir la VAR. Le destin, le karma, le vaudou, on ne sait plus trop.
22h41 – Le contre allemand achève les Parisiens. Les enfants combinent : Musiala décale Kimmich à l’entrée de la surface, la frappe du numéro 6 est sèche, à ras-de-terre mais surtout déviée par Kimpembe. Ça fait 4-1 pour le Bayern d’un Joshua Kimmich qui pointe Nasser, assis en tribunes, du doigt et sort un t-shirt « Boycott Qatar 2022 ». Ne tombons pas dans la fiction, mais imaginez quand même…
22h49 – M. Orsato siffle trois fois et lance le début d’un après-match houleux. Les esprits s’échauffent. « It’s a fucking disgrace », hurle Mbappé face caméra. Süle, reconverti stadier, descendent des tribunes pour calmer tout le monde.
Le Bayern Munich se qualifie au terme d’un match qui rappelle ce qu’est parfois le football : une vraie dinguerie. Côté bavarois, la route vers le back-to-back continue. Les Parisiens, eux, peuvent se plaindre d’une possible erreur d’arbitrage mais sont loin d’avoir proposé un contenu suffisant en deuxième mi-temps pour prétendre à une qualification dans le dernier carré. Paris renoue avec ses vieux démons : des individualités souvent sublimes, un collectif souvent absent, et un mental souvent défaillant. Un éternel recommencement.
Léon Geoni