Dimanche soir face au FC Metz, Islam Slimani est entré quatorze minutes sur la pelouse du Groupama Stadium, seulement quatre jours après sa signature à l’Olympique Lyonnais. Cette entrée en jeu laisse entrevoir le rôle qu’il pourrait jouer sous ses nouvelles couleurs : celui d’un remplaçant de luxe à la mentalité exemplaire.
« Je suis combatif, je me donne à fond. » Tels ont été les premiers mots d’Islam Slimani, arrivé libre à l’Olympique Lyonnais le mercredi 13 janvier en provenance de Leicester City. L’international algérien, qui n’a disputé qu’un seul match avec Leicester depuis cet été, débarque à Lyon avec un sentiment de revanche visible dès ses premières minutes sous les couleurs de l’OL. Sa hargne et ses efforts sur le front de l’attaque n’ont toutefois pas empêché son équipe de concéder sa première défaite (0-1, contre Metz) depuis le 15 septembre dernier.
« C’est un joueur qui ne renonce jamais »
Nabil Djellit, journaliste à France Football, évoque la combativité comme l’une de ses principales qualités. « Quand tu le vois sur le terrain, c’est un peu comme Cavani, explique celui qui intervient régulièrement sur La chaine L’Équipe. C’est le premier à défendre. Et puis surtout, c’est un mec qui a la dalle, qui est déterminé. » Pour Patrick Juillard, journaliste à Football365, c’est même son premier atout : « La principale qualité d’Islam Slimani, c’est le sens de l’effort, la capacité à se mettre dans le rouge sur un terrain, insiste-t-il. C’est vraiment un joueur dur au mal, qui ne renonce jamais. »
Du courage et de la détermination, il va lui en falloir pour faire face à la concurrence qui règne sur le front de l’attaque lyonnaise. Son prédécesseur au poste de numéro 9, Moussa Dembélé, a dû se contenter de 6 titularisations et de quelques entrées en jeu. Un maigre temps de jeu qui s’explique par la complémentarité et l’efficacité du trio Kadewere – Memphis – Toko Ekambi, déjà auteurs de 27 buts cette saison en Ligue 1. Slimani sait qu’il n’arrive pas à Lyon dans la peau d’un titulaire, et qu’il lui faudra sans doute du temps pour se faire une place.
« Il sort de six mois où il a été complètement sevré donc, déjà, il va lui falloir du temps pour reprendre un rythme optimal, souligne Patrick Juillard. Je pense que son intérêt n’est pas de réclamer tout de suite énormément de temps de jeu. » Le joueur en a d’ailleurs conscience : dans une vidéo partagée par le compte officiel de l’OL sur Twitter, il disait espérer être prêt « dans une ou deux semaines ». Mais sa présence dans le groupe puis son entrée en jeu face à Metz sont la preuve que son entraîneur, Rudi Garcia, lui fait d’ores et déjà confiance.
« Il aurait pu partir dans le Golfe, mais il a préféré attendre une opportunité en Europe, parce que c’est un compétiteur. »
Parmi ses qualités, son sens du but est régulièrement vanté. Et les chiffres parlent pour lui : avec 29 buts, Islam Slimani occupe aujourd’hui la deuxième place au classement des meilleurs buteurs de l’histoire de la sélection algérienne. En club, ses statistiques sont plus irrégulières. Depuis ses trois saisons particulièrement réussies avec le Sporting Portugal – de 2013 à 2016, il inscrit 57 buts en 111 matchs –, il a enchaîné plusieurs passages difficiles. Mais ses 19 matchs avec Monaco, où il a signé 9 buts et 7 passes décisives, lui ont permis d’acquérir de nouveau une crédibilité au niveau européen.
À 32 ans, il se lance un nouveau défi avec un concurrent sérieux au titre. Bilel, qui tient un compte Twitter spécialisé sur les joueurs algériens, @JoueursDZ, ne cache pas son enthousiasme : « Sa signature à l’OL, c’est une énorme surprise. Il y avait pas mal de rumeurs sur un départ au Moyen-Orient. Une fois de plus, il nous étonne », sourit-il. Nabil Djellit confirme : « C’est un joueur qui aurait pu tranquillement partir dans le Golfe, mais il a préféré ne pas jouer et attendre une opportunité en Europe, parce que c’est un compétiteur. »
Il va désormais tenter de mettre au service de l’OL ses nombreuses qualités. En plus de sa combativité et de son sens du but, Islam Slimani sait se montrer extrêmement utile dans le jeu. À l’AS Monaco, il s’est très souvent mis au service de son coéquipier sur le front de l’attaque, Wissam Ben Yedder. Son formidable jeu de tête pourrait être utile aux Lyonnais, qui n’ont pas marqué le moindre but sur corner cette saison. Tous les Algériens ont en mémoire son coup de tête rageur contre la Russie, lors de la Coupe du monde 2014, qui offrit à son pays le premier huitième de finale de son histoire.
« Avec Djamel Benlamri, ils ont un destin commun »
Pour savoir s’il peut réussir à l’OL, reste à évoquer sa capacité d’adaptation au sein d’un groupe qui tournait, jusqu’à dimanche, à plein régime. La fin de son aventure monégasque aurait pu conduire les décideurs lyonnais à en douter. À l’époque, on évoque des tensions entre le joueur et le nouvel entraîneur de l’AS Monaco, Robert Moreno, nommé en décembre 2019. Pour Nabil Djellit, l’entraîneur espagnol est l’unique responsable de cette brouille : « On a collé à Slimani une fausse réputation lorsqu’il était à Monaco, affirme-t-il sans détour. Certains ont dit qu’il était difficile à gérer, ce n’est pas vrai. Les choix de l’entraîneur ont été incompréhensibles. » Le temps passé par le coach espagnol sur le banc de l’ASM – six mois – accrédite cette version.
À Lyon, son intégration pourrait être facilitée par la présence d’un autre international algérien, Djamel Benlamri. « Ils ont un destin commun, explique Patrick Juillard, qui suit de très près le football africain. Ce sont deux joueurs formés en Algérie, ce ne sont pas des binationaux ou des joueurs partis très jeunes dans des championnats exotiques. Ils ont connu leurs premiers succès sportifs dans le championnat local. C’est un vécu qui va les rapprocher. »
Il faut toutefois souhaiter à Slimani un destin différent de celui de son compatriote : depuis son arrivée à l’OL, Benlamri a dû se contenter de trois entrées en jeu contre Lille, Nice et Lens. Mais, à la tête d’une équipe en course pour conquérir le titre, Rudi Garcia ne peut se permettre le moindre état d’âme. À Slimani de se montrer déterminé et combatif. Il semblerait que c’est l’une de ses principales qualités.
Pierre-Louis KÄPPELI – @PLKappeli