Un ballon écoresponsable ? C’est possible. Depuis peu, Simon Mutschler, 34 ans et Louis Guillizzoni, 35 ans, mettent un coup de pied dans la fourmilière si particulière de la production de ces indispensables petites sphères. Présentation.
« Des ballons bien goalés à l’extérieur mais aussi à l’intérieur ». La formule que l’on retrouve sur le site web de la marque porte tout autant à sourire qu’elle sonne bien, assurément. La communication, ça a du bon chez Rebond. Mais pour la jeune start-up nantaise, les belles paroles ne restent jamais vaines. Cela fait près de dix ans déjà que Simon Mutschler et Louis Guillizzoni, fondateurs de l’entreprise SG Ball, fournissent en cuirs sphériques les acteurs du football. Passé le temps de la découverte de ce marché si particulier, les deux jeunes entrepreneurs ont appris à le connaître plus en profondeur et se sont assez vite rendu compte que dans ce monde-là, tout ne tourne toujours pas très rond. « Il faut savoir que 95% des ballons de sport utilisés par les clubs professionnels sont importés. Ils sont produits dans la province du Pendjab, à la croisée de l’Inde et du Pakistan, car la région est dotée d’un réel savoir-faire historique hérité de la période coloniale » énonce Simon Mutschler. Alors, pour ces Nantais ex-étudiants en école de commerce et de journalisme, il est apparu nécessaire de s’engager pour faire bouger les choses dans une logique sociale et écologique afin de faire du ballon, un véritable produit écoresponsable, fabriqué localement et original.
Le bien, le beau, le vrai
Pour cela, il a d’abord fallu se familiariser avec le droit européen et plus particulièrement ses normes restrictives concernant les jeux et les jouets. Exit donc les phtalates, ces plastifiants toxiques, et autres encres nocives pour la santé. Donner un cadre légal au ballon était la condition sine qua non du lancement du projet. Ensuite, c’est toute une réflexion sur les matériaux utilisés qui a été menée. Toujours dans l’objectif de fabriquer un produit sain, les jeunes entrepreneurs ont donc accordé une attention toute particulière à la sélection de la matière première, recyclée évidemment. Des déchets plastiques sont récoltés puis broyés en granules avant d’être transformés en feuilles de PVC dont la souplesse permet de donner corps aux ballons.
Afin de toujours maîtriser cette production si particulière, Rebond a fait un pari qui sonne comme une évidence : le made in France. Simon Mutschler détaille : « Nous avons choisi de produire nos ballons dans notre région nantaise. Paprec, une usine de recyclage déjà impliquée dans le monde du sport nous fournit la matière de base recyclée puis des usines locales s’occupent de l’upcycling final, à savoir la transformation de feuilles de PVC en véritables ballons de sport. » Mais l’affaire n’est pas encore dans le sac ! Que serait un intérieur particulièrement travaillé sans un extérieur soigné ? C’est pourquoi le ballon Rebond fait l’objet d’un travail artistique qui le rend si original. La marque s’associe avec des artistes locaux ayant carte blanche pour designer la sphère. Jugez par vous-même du résultat.
Du bien, du beau mais aussi du vrai. Car au-delà de ses caractéristiques particulières, le ballon de chez Rebond répond aux normes FIFA lui permettant de conserver sa fonction essentielle d’instrument nécessaire au match de foot.
Un rebond parti pour durer
Quid des résultats ? 500 ballons écoulés en dix jours pour le premier ballon issu de la collboration avec le FC Nantes, honnêtes débuts pour une marque qui a tapé dans l’œil des plus grands clubs européens comme le Bayern Munich, Liverpool ou encore Manchester United. Si le confinement a porté un coup d’arrêt à la production, la marque a su rapidement rebondir (pas étonnant). Une difficulté transformée en opportunité et Rebond s’est associée à la fondation des Hôpitaux de Paris pour créer un ballon dont les bénéfices lui ont été entièrement reversées. Sympa.
Le ballon créé pour soutenir la fondation des hopitaux de Paris.
Si chaque nouvelle création est en série limitée, c’est en continu qu’essaiment de nouveaux projets dans la tête des deux Nantais. Les prochaines collaborations à l’automne ainsi qu’au printemps. Selon eux, il est essentiel d’agir maintenant : « Nous sommes déterminés à faire du sport le vecteur de nouvelles valeurs environnementales. En France, il n’y a encore que trop peu de précurseurs. Or le ballon peut dire beaucoup de choses de la société dans laquelle on vit. Comme le football, il est partout, populaire et fédérateur. En agissant sur son marché, nous souhaitons lui faire prendre l’indispensable tournant écologique. »
Le ballon, aussi basique soit-il, en dit pourtant long sur le fonctionnement de la planète football. Métaphore de la financiarisation de ce sport, sa production fait l’objet d’une mainmise quasi exclusive de la part de certaines firmes transnationales depuis des années qui signent ensuite des contrats d’équipements exclusifs avec les fédérations internationales. Ne serait-il pas le moment de penser à Rebond(ir) ?
Louis Fabre