Mardi 18 août 2020. Le Paris Saint-Germain joue sa place en finale de la Coupe aux grandes oreilles contre le Red Bull Leipzig. Et oui. On en est là. Le PSG a vaincu ses démons (ou presque) et face à lui se dresse ambitieusement un club qui a 11 d’âge. Le Barça s’est fait plié sur un score de Baseball Coréen et Messi et Ronaldo sont désormais sur le même pallier qu’Edgar Morin et Michel Drucker. Le football, comme tout, a évolué. Tristement ou avec joie, nous devons accueillir ce changement sans trahir notre foi. Lavoisier le disait, Choupo-Moting l’a concrétisé : “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Nous sommes 2 heures moins le quart avant une demie-finale improbable.
Lundi 17 août – Après avoir tenté un petit coup magique de Voltarène Tuchel se résigne à straper son poignet, foulé sur une glacière il y a peu.
15h10 – Mbappé, Di Maria et consorts arrivent au Stade de La Luz (prononcé es-ta-dio de la lose).
19h34 – Julian Nagelsmann n’a toujours pas pris une ride.
20h25 – à Paris, tout un peuple retient son souffle. Après une journée rendue inutile par l’attente et les pulsations irrégulières d’un cœur accroché à trois coups de sifflet, les supporters et supportrices de la capitale française s’installent devant l’avant-match.
20h55 – Miguel, maillot de Pauleta sur le dos essaie d’expliquer à Gaspard, maillot de Paredes sur l’échine, ce que veut dire “être en 4-4-2”.
21h03 – Premier ballon en profondeur pour Mbappé qui élimine facilement Halstenberg sur une accélération foudroyante. Mais heureusement pour Toro Rosso, Dayot veille et calme le moteur parisien d’un tacle parfait. Dayot Upa-mécano.
21h12 – Quel début de match des franciliens. Ils étouffent littéralement les allemands. Les actions s’enchaînent et on sent le PSG capable de marquer à tout moment.
21h18 – Neymar crucifie Kampl et envoie Di Maria dans la profondeur. Centre en retrait immédiat pour Paredes qui décale sur Mbappé. La bombe de Bondy pousse le ballon au fond des cages vides. 1-0. Logique.
21h26 – tu entends pour la 7eme fois de la soirée le mot “gegenpressing” et tu décides que cette fois ce serait bien de comprendre alors bon je te mets ici la def : “Ce mot allemand peut se traduire par «contre pressing». On peut dater l’avènement de cette notion autour de l’année 2009, époque du règne du Barça de Pep Guardiola et, surtout, de la naissance du Borussia Dortmund de Jurgen. Le gegenpressing consiste à presser l’adversaire de manière très agressive dès la perte du ballon. L’objectif est de récupérer la balle le plus vite possible et profiter du flottement chez les joueurs adverses qui préparaient une phase d’attaque.”
Avec plaisir.
21h33 – Première grosse situation pour les taureaux rouges, qui contournent habilement les matadors parisiens et parviennent à centrer dans la surface. Yussuf Poulsen s’élève au-dessus de Kim et envoie un coup de tête vers la lucarne. Sergio parade et sors le cuir en corner. Que rico !
21h39 – Fauché par Klostermann à l’entrée de la surface, Mbappé s’effondre. L’arbitre de la rencontre, Bjorn Kuipers désigne le point de pénalty. Neymar s’empare du ballon. “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Surtout les pénalty.” Lavoisier l’avait annoncé, 2-0 pour les Parisiens.
21h43 – Chat noir ou cimetière indien, le PSG est un club maudit, marabouté, ensorcelé. Sur une accélération anodine, le mektoub s’abat sur la Luz, l’obscurité tombe sur la lumière elle-même, Neymar se blesse. Il cède sa place à Eric-Maxim. La Luz revient.
21h55 – Chez Gaspard, à la mi-temps c’est Pommery, mousse à l’avocat et toast aux graines de courges. OUI je me moque mais OUI j’aimerais manger et boire pareil. Moi c’est Budweiser canette, 2,60$/L et 3 Tucs complètement secs.
22h05 – Quand les Red Bulls reviennent dans l’arène, leurs matadors (sauf l’OG) les attendent déjà. Pour les protégés de Julian Nagelsmann, la tâche s’annonce ardue.
22h13 – La seconde période commence comme s’est terminée la première, dans l’ennui et l’observation. Los toros rojos jouent la peur au ventre, incapables de se lancer pleinement à la poursuite d’une égalisation, conscients qu’un troisième but serait fatal. Du côté parisien on ne se presse pas, on a un pied en finale et une tête à des kilomètres de ses habituels cauchemars.
22h19 – Les minutes passent, on ressent un tremblement de terre de magnitue 3,4 sur l’échelle de Teddy Richert du côté de Marseille. Twitter voit des flots d’ “à jamais les premiers” défiler comme de bien maigres tentatives de réconforts. La France qui déteste le foot se prend la tête à deux mains. Celle qui adore les paris sportifs se voient déjà les riches de demain. (le PSG était côté à 1,85 sur Winamax ce matin).
22h 25 – Tu arrives toujours pas à discerner Kampl de Sabitzer. Le match est tellement dénué d’intérêt que ce doute constitue ton occupation principale.
22h28 – Tu as oublié ce que voulait dire “gegenpressing” alors tu scrolles up et retombes sur la blessure de Neymar. Ton visage s’assombrit. Ton pote qui n’est pas sur son portable te demande si t’as reçu une notif de “scoreendirect”. TU fais non de la tête. Il se sert une bière en soufflant. La vie est oscille comme un pendule entre la souffrance du manque et l’ennui de la possession. C’est du Schoppenhauer, chez Gaspard c’est du champagneshower.
22h39 – Icardi scelle le score du match sur une merveille de passe de Bernat. 3-0 emballé c’est pesé. Ce soir on a tous mangé des rognons de boeufs. Les germanophiles s’en vont, les fatigués aussi. Seuls restent les supporters et supportrices parisien(nes) pour célébrer la mise à mort du jeune taureau.
22h43 – C’est anecdotique mais Upamecano réduit le score sur corner. Peu de gens l’auront vu mais Didier le notera quelque part dans un carnet. Bientôt, cet élève parfait sera le joyau de la France Football. Fayot Upamecano.
22h51 – Le PSG EST EN FINALE DE LA LIGUE DES CHAMPIONS. 44 ans après avoir brisé les premiers espoirs européens de la France (76, l’ASSE) l’ogre munichois se dresse à nouveau devant un club tricolore. (Désolé l’OL, j’ai jamais attendu la mort de l’ours).
En France la corrida est interdite partout ailleurs que dans les lieux où elle considérée comme traditionnelle. Au Portugal, la mise à mort du “touro” ne peut avoir lieu en public. A quoi bon ? Si l’UEFA avait une once de pouvoir coercitif, l’Europe le saurait. Le taureau rouge est mort, l’hydre à 4 têtes semble quant à elle plus forte que jamais. D’ici quelques jours, une étoile pourrait tomber sur le blason du club parisien. D’ici là, il leur faudra rester lucides et confiants car si Red Bull donne des ailes, les poules ne parviennent pas encore à voler.